Interview d'Attentat Sonore dans PUNK RAWK numéro 11.  

Texte original envoyé au magazine.

 

1- Qu'est-ce qui a changé depuis le dernier disque ?

Régis (chant) : J'ai pas l'impression que quelque chose ait vraiment changé. Pas plus riches, pas de limousines, très peu de champagne, pas de hordes de fans en transe devant ma porte. Par contre quelques concerts prévus début mai avec OBERKAMPF et BOOST. J'espère juste que ce disque sera une petite trace en plus dans la culture punk.

Loulou (basse) : Le changement le plus visible concerne les batteurs. Loïc a laissé la place à Fred que l'on peut entendre sur le 10''. Depuis Fred s'est exilé et à laissé la place à Stef... Nouveau line-up donc (un de plus !) mais surtout la joie d'avoir enfin sorti un disque "à nous" : on a grandi vu que maintenant on ne partage plus les faces des vinyls avec d'autres groupes...

Raf (guitare) : Quelques concerts, quelques compils et pas mal d'efforts pour sortir le 25 cm Social Headache. Des rencontres aussi, et c'est quand même le plus intéressant pour faire bouger les choses. La scène se réveille un peu ces temps-ci, quelques ponts se construisent et c'est une bonne chose.

 

2- Beaucoup de groupes s'arrêtent pour diverses raisons. Mais vous, depuis 1988, vous toujours en activité. Quel votre secret ? Qu'est-ce qui vous pousse à continuer ?

Régis (chant) : Quand tu es passionné par quelque chose qu'est ce qui pourrait te faire renoncer à part la tombe ? En calculant je me rends compte qu'à 32 ans j' ai passé plus de la moitié de ma vie dans ce milieu punk / hard core / underground. Je ne me rappelle même pas comment j'étais avant (enfin un peu) !! ATTENTAT dure depuis longtemps (trop pensent certains!!) avec des line up différents parce qu'on a encore des choses à dire, parce qu'on a pas de bonnes raisons d'arrêter, et parce qu'on est toujours vivants !

Stef (batterie) : On n'a pas trop de prises de tête et à limoges, il y a une fabrique de batteurs punk, je suis le dernier en date et attentat en sais quelque chose. Sinon il ya aussi la passion...

Loulou (basse) : La passion avant tout. Le fait de faire de la zique pour le plaisir avec des potes est le plus important pour moi. Si Attentat était un gros groupe où la zique ne serait ni plus ni moins qu'un boulot comme un autre, je suis pas certain que je serais aussi enthousiaste... Le secret est peut-être là : pas de plan de carrière (même si on aime faire les choses du mieux possible), le plaisir avant tout...

Raf (guitare) : On a toujours des choses à dire, et c'est un bon moyen de le faire ; les problèmes ne sont pas résolus, rien ne s'est arrangé, mais pourquoi se résigner ? On ne va pas accepter l'apathie généralisée. On a beau être adultes, on est toujours en colère, et dans le bon sens du terme : il y a toujours de quoi avoir la rage, il faut juste savoir comment l'utiliser pour ne pas se faire bouffer par elle.  

 

3 - Qu'entendez-vous par "Social Headache" ?

Raf (guitare) : C'est le mal de tête qui te prend sous la pression du système actuel, l'exploitation de l'énergie et du travail des uns par les dirigeants, l'absurdité du travail tel qu'il est conçu aujourd'hui – sans autre fin que joindre les deux bouts, travailler pour avoir de quoi bouffer et donc rester capable de travailler…

Régis (chant) : Le mal de tête social (social headache) c'est malheureusement la vie quotidienne (précarité, chômage, exploitation, racisme, connerie ambiante, ignorance... Liste non exhaustive). Oui on pourrait chanter sur des sujets heureux, la beauté de la vie, l'amour... Mais 99,9% du paysage musical est constitué de ces inepties, pourquoi en rajouter ? Et puis l'amour c'est ceux qui en parlent le moins qui en donnent le plus ! !

Stef (batterie) : Ce morceau veut dire en live : "1/2/3/4, on part tous en même temps à fond, et je vais en chier pendant 2mn" mais pour être sérieux, le bla-bla avant le morceau résume bien le titre.

 

4- Vous toujours très fortement engagé dans l'anti-fascisme. Avez-vous vu un changement de mentalité et d'investissement depuis les élections ?

        Régis (chant) : Honnêtement, je ne trouve pas. L'orage passé (éviction de Le Pen) beaucoup sont retournés à leur train train quotidien. Moi même je ne suis pas un grand activiste, mon seul engagement contre ces cons restant mon appartenance au milieu punk et à quelques crises de haine de temps en temps. Est-ce suffisant ? Mouais... Peut mieux faire.

        Loulou (basse) : Les mentalités ont bien changé pendant une semaine. Chirac aurait donc sauvé la France... Les français semblent lui être redevables puisqu'ils n'osent pas critiquer les mesures prises par le gouvernement. On a échappé à la dictature, on a gagné l'auto-censure. Entre la peste et le choléra...

        Raf (guitare) : Pas vraiment, les gens ont eu peur et ne se rendent même pas compte que la politique du gouvernement est mimée sur celle du FN : ses thèses, ses méthodes, ses objectifs. Il y aurait beaucoup à dire sur le flicage et la répression actuels. Une partie des gens qui ont été secoués par ces élections a réfléchi et se rend compte que le système actuel n'est pas viable, le jour où ils s'organiseront, sans les garde-fous habituels du pouvoir, et en gardant le contrôle, les choses changeront sans doute.

 

5- Vous retrouvez-vous dans la scène punk d'aujourd'hui ?

Loulou (basse) : Il est facile de cracher dans la soupe en disant qu'il est difficile de se retrouver dans une scène punk morcelée où l'on préfère regarder avec méfiance le voisin plutôt que d'essayer de construire quelque chose. En tant que groupe punk, qu'on le veuille ou pas, on fait partie de cette scène alors autant essayer de bouger les choses par l'intermédiaire de la zique, de nos zines et de l'organisation de concerts afin de faire évoluer la scène...

Raf (guitare) :  On en fait indéniablement partie. Mais on n'aime pas tout ce qui se fait, par exemple au niveau des textes qui sont souvent peu réfléchis – à se demander si c'est devenu une corvée pour un groupe d'exprimer  ses idées.  Evidemment c'est plus simple d'utiliser des sujets classiques... En tout cas, il y a des liens qui se tissent, entre des scènes pas toujours proches, et c'est une bonne chose – la diversité doit devenir une force, pas un obstacle au développement de la scène.

Régis (chant) : D'un côté on est bien obligés de s' y retrouver puisqu'on en fait partie tout bêtement, et d'un autre côté faut trier pour ne garder que le meilleur. Moi je m'y sens bien en tout cas (POISON IDEA sortirait des disques et tournerait tous les huit jours et mon bonheur serait total).

        Stef (batterie) : Ayant des goûts assez variés dans le domaine du Punk (The Hives, les Burning, Nerf Herder, Unlogistic...), je m'y retrouve assez, même si bizarrement le style que l'on développe avec Attentat n'est pas celui que j'écoute le plus, comme quoi dans la musique il n'y a pas que la musique !

6- Que pensez-vous du "revival" 80's qui semble envahir l'hexagone ? Elle dure depuis un moment mais cette fois elle semble créer une émulsion nouvelle (reformations entre autres)? Est-il bon de se replonger dans le passé  ?

        Régis (chant) : Tout ce que je préfère musicalement date de la vague 77 et des 80's. Alors oui je suis un passéiste qui s'assume. Encore une fois si c'est pour prendre le meilleur de ce qui a été fait pour l'arranger à sa sauce et le faire évoluer, alors vive les revivals ! ! Etre totalement original en musique aujourd'hui c'est vraiment du sport de haut niveau.

        Stef (batterie) : Se replonger dans le passé permet peut être de ne pas l'oublier trop vite. Quant aux reformations, tant qu'il ne s'agit pas d'une grosse opération commerciale et que c'est la passion qui anime ces quadragénaires, pourquoi pas !

        Loulou (basse) : Ces années-là ont engendré de très bons groupes et la nostalgie a cela de bon, c'est qu'elle permet à de "vieux" groupes d'obtenir aujourd'hui la célébrité qu'ils n'ont pas eu hier... Si ce revival permet de tirer les leçons des erreurs du passé pour être plus fort c'est un point positif, si c'est uniquement pour pleurer sur ces années en se persuadant que la scène actuelle ne vaut rien par rapport à celle d'il y a 20 ans, je ne vois pas l'intérêt.

        Raf (guitare) : La scène française des 80's a vivoté au milieu de l'indifférence médiatique, et des problèmes de clans (skins / punks / rockers…). Je comprends que ces groupes aient envie de reprendre du service dans un milieu qui leur est moins hostile. Quand il s'agit de Kidnap, par exemple, et du plaisir qu'ils ont eu et donné à rejouer en décembre, on voit qu'ils ont bien fait de revenir ; ils ont eu une grande influence par leur attitude et leurs activités annexes (label, concerts…). Si les groupes sont sincères, si le public revient un peu aux concerts, là où tout se joue, je ne vois pas de problème ; ça pourrait devenir un sacré moteur et faire disparaître ce fossé de générations qui commençait à s'établir.

 

7- Des projets ?

        Régis (chant) : Projets : sortir le 10" en cd avec des bonus, faire un 45 tours, jouer (plus souvent et mieux), retrouver un cd de SOCIAL DISTORTION que j'ai paumé depuis des mois ! !

        Raf (guitare) : Sortir effectivement le 10" en CD avec d'autres titres, continuer à jouer et à s'exporter, vu que ça n'a pas toujours été évident au fil des ans et des formations. Ca nous manque !

        Stef (batterie) : La couv de PUNK RAWK.

 

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